Comment conjuguer innovation, ancrage local et transmission durable sans perdre la cohérence d’un projet global.
On m’a souvent dit qu’il fallait choisir : être startuper, commerçant ou formateur.
J’ai choisi d’être les trois à la fois. Pas par goût du cumul, mais parce que je crois que le monde réel ne se vit plus à une seule vitesse.
D’un côté, Le Vecteur, une start-up en quête d’impact et de scalabilité, où chaque semaine redessine le futur et où l’incertitude est un mode de respiration.
De l’autre, L’Onglerie Mérignac, une franchise enracinée dans la vie locale, où tout repose sur la fidélité, la qualité du geste et la confiance de clientes qu’on appelle souvent par leur prénom.
Et entre les deux, CLEM, mon organisme de formation, rigoureux, certifié, aligné sur les référentiels, mais fondamentalement humain, parce qu’il accompagne des personnes et non des process.
Et au-delà de tout cela, les mandats sociaux que j’occupe : les Acteurs de la compétence Nouvelle-Aquitaine et national, le MEDEF Régional et les instances.
Quatre univers, quatre temporalités, quatre façons de créer de la valeur.
Certains y voient une dispersion. J’y vois une harmonie fonctionnelle : l’innovation d’un côté, la proximité de l’autre, et la transmission comme pont entre les deux.
Entreprendre à plusieurs vitesses, c’est accepter de penser le temps autrement.
C’est apprendre à passer d’un sprint à un marathon sans changer de cœur.
C’est refuser le dogme du “focus unique” pour préférer la complexité vivante du réel — celle où la vision ne s’épuise pas, mais se régénère au contact des contradictions.
Quatre mondes, quatre vitesses, quatre temporalités
Inventer – Le futur : La start-up Le Vecteur
Le Vecteur, c’est la partie du cerveau qui regarde loin devant.
C’est l’adrénaline de la création, le terrain mouvant où tout se joue sur une intuition, une ligne de code, une conversation avec un investisseur.
Chaque journée y ressemble à une équation : vision + exécution = survie.
On parle d’IA, de régulation, de RSE, de modèles d’abonnement. On rêve en séries A, mais on pense en MVP.
Le futur y est une matière à sculpter, pas un horizon à attendre.
C’est l’endroit où l’on avance vite, parfois trop vite — mais où chaque erreur est une forme d’apprentissage accéléré.
Le Vecteur, c’est la vitesse du futur : celle qui oblige à penser avant d’agir, et à agir avant d’avoir toutes les réponses.
Servir – Le présent : La franchise L’Onglerie
À L’Onglerie, le temps se mesure autrement : en rendez-vous, en rires échangés, en vernis appliqué sans trembler.
Ici, tout est tangible, concret, immédiat. On travaille avec des gens, pas des algorithmes.
La fidélité d’une cliente vaut plus qu’un tableau de bord d’acquisition.
L’expérience n’est pas digitale : elle est incarnée, sensorielle, humaine.
Et pourtant, derrière le vernis rose ou nude, il y a la même rigueur qu’en start-up : marketing local, storytelling, data client, test & learn du quotidien.
Ce n’est pas une bulle de stabilité, c’est un laboratoire d’émotions réelles.
L’Onglerie, c’est la vitesse du présent : celle du geste, du service, du contact humain qu’aucune technologie ne remplacera.
Transmettre – Le socle : L’organisme de formation CLEM
Et puis il y a CLEM.
Là où tout prend racine, se structure, s’éprouve.
C’est l’univers de la méthode, de la pédagogie, des référentiels et des certifications.
On y parle de transmission, de rigueur, de qualité, mais surtout d’humain : des parcours de vie qu’on aide à redessiner.
C’est le monde du long terme, celui de la construction lente et stable, de la relation avec les institutions, les branches, les entreprises.
C’est aussi le lieu de la cohérence : là où les intuitions de la start-up trouvent un cadre, et où les valeurs du commerce trouvent du sens.
CLEM, c’est la vitesse de la durée : celle du temps qu’on prend pour former, structurer, et faire grandir.
Représenter — Le temps collectif : les mandats institutionnels
Et puis il y a cette autre dimension, moins visible mais tout aussi structurante : le temps long de la transformation collective.
Celui que je vis à travers mes mandats — Président des Acteurs de la Compétence Nouvelle-Aquitaine, administrateur national, co-président de la Commission Innovation, vice-président du Comité Régional pour l’Emploi, et titulaire de l’Instance Paritaire Régionale de France Travail.
C’est une autre forme d’entrepreneuriat : celle du débat, de la négociation, de la construction patiente d’un écosystème.
Là, l’action ne se mesure pas en chiffre d’affaires, mais en impact collectif : une réforme qui avance, une filière qui se structure, un dialogue social qui s’équilibre.
Ces mandats, c’est la vitesse de la nation : lente, complexe, mais essentielle — celle qui façonne le cadre dans lequel les autres peuvent accélérer.
Quatre vitesses, quatre réalités, quatre logiques de création de valeur.
Elles ne s’opposent pas, elles s’alimentent.
Mais pour qu’elles tiennent ensemble, il faut une seule interface : le cerveau, capable de changer de fréquence sans changer de cap.
Le cerveau comme interface entre quatre réalités
Entre ces quatre mondes, il n’y a pas de frontières, seulement des changements de fréquence.
Chaque jour, je passe de la vitesse de l’algorithme à celle du silence d’une salle de formation, du bruit d’un salon professionnel à la précision d’un geste manucure.
Ce n’est pas un simple exercice de gestion du temps : c’est un changement de dimension mentale.
Passer d’une fréquence à l’autre
Dans une même journée, je peux présenter un modèle économique à un investisseur, signer un avenant d’OPCO, régler un problème de planning en magasin, et débattre au sein d’une commission régionale.
Chaque contexte demande un langage différent, une posture différente, parfois même une partie différente du cerveau.
Le secret, ce n’est pas d’avoir plusieurs vies — c’est de les vivre dans le même rythme intérieur.
Construire un “OS entrepreneurial”
Pour tenir dans cette complexité, il faut un système d’exploitation mental.
Le mien s’appuie sur trois piliers : la méthode, la mémoire et la mission.
La méthode, c’est la structure : des process partagés, des rituels, une rigueur qui libère la créativité au lieu de l’étouffer.
La mémoire, c’est ce que je retiens des autres : les discussions, les échecs, les intuitions.
C’est la somme des apprentissages, des rencontres, des visages.
Ce sont les traces laissées dans les projets passés qui deviennent les repères des projets futurs.
Une mémoire vivante, collective, presque affective — ce fil invisible qui relie les expériences aux décisions.
La mission, enfin, c’est le cœur : ce qui donne du sens à la méthode et de la direction à la mémoire.
Elle évite la dispersion, elle trace la ligne entre l’urgent et l’essentiel.
La méthode m’aide à tenir, la mémoire m’aide à comprendre, la mission m’aide à avancer. Je ne cherche pas la résilience, mais la plasticité : cette capacité à se réorganiser sans se trahir.
Elle permet de penser un projet de levée de fonds tout en préparant un rapport pour la DREETS, ou d’imaginer une innovation pédagogique après un rendez-vous client.
Mon cerveau est devenu une interface neuronale entre la vitesse du futur et la lenteur du réel.
Il ne dirige pas quatre entreprises — il orchestre quatre rythmes.
L’unité invisible : la mission
Ce qui relie mes mondes, ce n’est pas un modèle économique ni un secteur d’activité : c’est une mission. Celle de transformer — sans jamais imposer.
Avec CLEM, nous transformons d’abord les personnes. Chaque formation, chaque accompagnement est une façon de révéler un potentiel, de redonner du sens à un parcours, de réaccorder quelqu’un à sa propre trajectoire. Former, c’est remettre en mouvement ceux qui doutent encore d’eux-mêmes.
Avec Le Vecteur, nous transformons les entreprises. Nous leur donnons les moyens d’élever leur raison d’être sans perdre leur efficacité. Je crois que la conformité peut devenir une forme d’intelligence : non pas une contrainte, mais un miroir de responsabilité. Là, la technologie devient un langage pour parler d’éthique autrement.
Avec L’Onglerie Mérignac, nous transformons les habitudes. C’est une autre forme d’éducation, plus intime, presque invisible. Derrière chaque soin, il y a un rituel de confiance, une bulle de respiration, un geste qui restaure l’estime de soi. Ce n’est pas un commerce, c’est une parenthèse de douceur dans un monde pressé.
Et dans mes mandats institutionnels, je contribue à transformer les systèmes. Je fais dialoguer les institutions avec le terrain, les décideurs avec les faiseurs. J’essaie d’injecter dans la mécanique administrative un peu de réalité, un peu de vie, un peu d’écoute. Parce que les politiques publiques ne devraient pas s’écrire loin des gens qu’elles concernent.
Ces transformations n’ont pas la même forme, mais elles obéissent à la même logique : remettre du sens, là où la routine, la complexité ou la peur l’ont effacé.
La cohérence ne vient pas de la réduction, mais de l’alignement intérieur.
Ce qui fait tenir tout cela, ce n’est pas l’organisation — c’est l’intention : créer de la valeur qui élève, pas seulement qui rapporte. Former sans formater. Innover sans déshumaniser. Défendre sans s’endurcir. La mission, c’est le GPS silencieux qui guide le mouvement quand tout semble s’accélérer.
Quand la mission devient limpide, elle se propage. Les équipes la ressentent. Les partenaires la reconnaissent. Les clients la partagent sans qu’on ait besoin de la formuler.
C’est à ce moment-là qu’une entreprise cesse d’être une organisation, et devient un écosystème vivant.
Le futur appartient aux entrepreneurs multipolaires
On parle souvent du créateur solitaire. Moi, je crois à la force du collectif.
Caroline, ma partenaire depuis quinze ans, est la boussole dans chaque tempête.
Elle est la rigueur quand je suis la projection, la structure quand je suis l’instinct.
Nous avons bâti, vendu, recommencé. Toujours ensemble.
Autour de nous, une équipe de collaborateurs fidèles et brillants : ceux de CLEM, qui transmettent la pédagogie et la rigueur ; ceux de L’Onglerie, qui incarnent la douceur et l’excellence du geste ; ceux du Vecteur, qui transforment la technologie en impact humain ;
et tous les partenaires, élus, dirigeants et acteurs de la compétence qui bâtissent, dans l’ombre, un système plus juste et plus lucide.
Ce réseau humain, c’est notre véritable capital : pas celui qu’on dépose à la banque, mais celui qui fait tenir l’ensemble quand tout tangue.
Être entrepreneur multipolaire, ce n’est pas additionner des projets — c’est créer un écosystème vivant. Un leadership d’orbite, où la gravité est humaine avant d’être financière.
On ne bâtit rien seul. On accélère ensemble, on doute ensemble, on apprend ensemble.
C’est cette addition d’énergies, de convictions et de fragilités partagées qui fait la différence entre une entreprise et une aventure.
Conclusion :
J’entreprends à plusieurs vitesses, dans plusieurs mondes, avec plusieurs équipes.
Mais au fond, je ne fais qu’une chose : créer du mouvement.
Celui qui relie les talents, les idées et les convictions.
Celui qui fait passer la société de la parole à l’action, de la complexité à la clarté, de la contrainte à la création.
Et quand je regarde tout cela — Caroline, nos collaborateurs, nos partenaires, nos stagiaires, nos clientes, nos pairs — je me dis que l’entrepreneuriat n’est pas une addition d’entreprises.
C’est une chorégraphie de sens.
Le monde a besoin de vitesses différentes.
Nous, nous avons choisi d’en faire une seule trajectoire : humaine, collective et durable.

